La femme du roulier

Maluzerne

Chanson d'un réalisme brutal

recueillie dans le Berry vers 1850 par Sainte-Beuve

  


 

Triste et dolente la femme du roulier
S'en va dans le pays de taverne en taverne
Pour chercher son mari avec une lanterne

"Bonsoir l'hôtesse, mon mari est-il là ?
- Oui, madame, il est là, dans la plus haute chambre,
A prendre ses ébats avec une servante.

- Ah ! chien d'ivrogne, pilier de cabaret.
Tu manges tout ton bien avec que des canailles,
Et moi et tes enfants nous sommes sur la paille !

- Dame l'hôtesse, apportez-nous du vin
Et portez-le ici dessus la table ronde,
Pour boire à la santé de ma femme qui gronde !"

La pauvre femme s'en retourne au logis
Et dit à ses enfants : "Vous n'avez plus de père :
Je l'ai trouvé couché avec une autre mère.

Hé bien ! ma mère, hé bien, que dites vous ?
Oui nous savons bien sûr que nous avons un père :
Il fait le libertin, et nous ferons de même !"

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modifié le dimanche 10 février 2013