Tété

Passage Brady

 

 

 


 

 

 

 Quotidiennement,
Il s'administre le poison.
Quinze, vingt fois, ça dépend
De son humeur, c'est selon.

"Boit-sans-soif, pauvre saoulot,
Bon à rien, suce-goulot"
Disent les mauvaises langues "bientôt
Les croque-morts enduiront ton corps de chaux"
Il traîne de débit en débit,
Dans l'espoir d'y trouver quelque répit.
Cet homme que personne n'aime ni ne nomme,
Cet homme que personne n'hèle ni ne sonne.

Il connaît tous les lieux,
Il y a ceux où il va faute de mieux.
Ceux qui servent passé minuit,
Les deux ou trois qui font crédit.

"Il gît à même le canniveau
A la manière des animaux !"
Disent les mauvaises langues, "ce lot
Il ne le goute que trop!"
Il traîne de débit en débit,
Dans l'espoir d'y trouver quelque répit.
Cet homme que personne n'aime ni ne nomme,
Cet homme que personne n'hèle ni ne sonne.
Il traîne de débit en débit,
S'en va s'aviner
Parce que sa vie ne
Lui inspire plus que du mépris,
Ne lui inspire plus que du mépris.

Dans un café Passage Brady,
Une femme égrène des notes sur une six cordes.
Elle psalmodie son psaume favori,
Où il est beaucoup question de discorde,
D'amour de haine et de miséricorde.

dimanche 10 février 2013