à l'heure où les étoiles tombent
il creuse la sienne
plus pâle qu'une ombre
qui bois de la verveine
il chante, il chante
mais c'est l'air de la mer
qui bientôt le tourmente
et lui vole sa prière (2 fois)

depuis qu'il a vu le jour
il a trimardé sur terre
mais il a pas eu plus d'amour
un sac de pommes de terre
il chante, il chante
mais c'est de l'eau amer
qui lui coule ardente
brûlure à ses paupières (2 fois)

ses vieux l'ont pas r'connu
alors il est allé s'faire voir
par le monde est ses rues
il à mangé son pain noir
-on peut pas tout avoir...

ouais, mais quand on a rien eu
et nul n'a répondu
quant il voulait savoir
et son coeur s'est fendu
d'essuyer tant d'déboires !

il est tombé des nues
il s'est même fait trottoir
puis porté disparu
par des gens trop bavards

-chacun vaut son voisin...

sauf quand c'est un vaurien
battant pavé et breloque
il a le scorbut à l'âme
et son coeur soliloque
sans but le pauvre diable
il a la têt' tordue
essoré d'une oreille
c'est pas d'avoir trop bu
c'est d'être né bouteille

il chante, il chante
il voulait boire la mer
qui sur ses joues serpente
les soirs de trop d'misère (2 fois)

la mer, la mer
c'est elle qui le hante
dans son coeur une arrière
saison d'écume qui chante
dans l'miroir aux étoiles
dans l'océan sa planque
d'alouette en cavale

il a jeté son ancre
il chante, il chante
mais c'est bientôt la mer
qui vient couvrir sa plainte
au creux d'sa dernière bière
il chante, il chante
son chant de vagabond
c'est maintenant le mer
qui roule sa chanson (2 fois)

 

 

RENÉ BOUTEILLE

 

La tordue

 


 

dimanche 10 février 2013