Enivrez-vous ! Serge et Stephan Reggiani Poème de Charles Beaudelaire
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Comme quoi, il faut être toujours ivre. Tout est là, c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau des ans qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin ? De poésie ? D'amour ? D'amour, d'amour, ou de vertu, à votre guise. Et si quelques fois sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue. Demander au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge à tout ce qui suit, à tout ce qui gémit, à tous ce qui chante, à tous ce qui parle, demandez qu'elle il est ? Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge vous répondrons, il est l'heure de s'enivrer. Pour n'être pas des esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous sans trêve, de vin, de poésie, d'amour, d'amour, d'amour, ou de vertu, à votre guise. |
modifiée le 09 février 2013 |